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Pilules Bleues (TV) | Jean-Philippe Amar

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JB est un jeune dessinateur de bande dessinée. Un soir du nouvel an, il rencontre Laura. Ils tombent amoureux. Mais rapidement, elle lui annonce sa séropositivité. Commence alors le début d’une histoire d’amour pas tout à fait comme les autres, une histoire qui débouche des années plus tard sur une bande dessinée…

Avant-propos : chronique d’un aficionados

Vendredi 26 novembre, je me suis assis devant mon poste de télé. Il était 20h50 environ. J’attendais avec une certaine fébrilité l’adaptation de Pilules Bleues, MA bande dessinée culte. Je ne vais pas encore une fois répéter tout l’amour que j’ai pour cette œuvre. A chaque relecture, je suis toujours bouleversé par la justesse du propos, la qualité d’écriture et bien entendu la science de la BD étalée par Frederik Peeters. Mais ça, je le répète depuis des années maintenant et plus personne ne sera étonné de mon point de vue. Nous avons ici l’un des plus grands auteurs contemporains du 9e art.

J’ai bien conscience que ce point de vue brouille mon impression sur ce téléfilm. Toutefois, je ne peux m’empêcher de porter un regard sur ce que j’ai vu. Parce que ce livre est important pour moi.

Anti-personnages

Donc que dire ? Déçu. Agacé aussi. Déçu par cette impression que le réalisateur, les scénaristes, la production ou je ne sais qui sont passé à côté du livre, qu’ils n’ont pas compris. Agacé que le cinéma/télévision soient souvent incapables de faire confiance aux qualités d’un auteur de bande dessinée.

Quand la Cati originale était une personnalité d’une force intérieure rayonnante, un soleil malgré ses difficultés, Laura est sombre et sans vie. Quand Fred était un personnage tout en nuance, en interrogation et en présence, JB est fade et sans profondeur. Quant au médecin, personnage fondamental du roman graphique, le pygmalion dont les interventions sont rares mais décisives… Soupir… Là encore, incompréhension. Il était humain, haut en couleur, original. Ici, c’est un acteur jouant un clone de médecin ânonnant les textes originaux avec la même force qu’un second rôle dans un épisode de Navarro. Il y a si peu de vie dans ces apparitions qu’on doute sérieusement de sa capacité à changer le regard des héros.

Ce personnage est vraiment représentatif de cette adaptation.

La subtilité, c’est comme le rhinocéros blanc…

Quand Frederik Peeters restaient dans le domaine de l’intime, jouant sur les subtilités et les interrogations du personnage, Jean-Philippe Amar explose tout cela. Le VIH rentre dans l’école, dans la famille, dans le travail. Pilules Bleues parlait d’amour, la télévision évoque un petit manuel du « vivre avec la maladie en milieu urbain ». Réussir à rendre cette histoire presque banale était un vrai exploit.

D’ailleurs, j’ai vraiment eu du mal à accrocher à l’ensemble, le jeu très moyen des acteurs déjà évoqué en est une cause mais la qualité de réalisation ne rend pas non plus hommage au travail d’écriture de Frederik Peeters. Franchement, cela manque de subtilités. Outre les textes originaux repris à la pelleteuse, les situations s’enchainent sans liens à coup d’effets répétitifs et lourds. Musiques, cadrages approximatifs, photographie rarement merveilleuse. Si le réalisateur a eu l’idée d’intégrer des dessins de l’auteur, les séquences animées tombent plutôt comme un cheveu sur la soupe.

Contenu inédit et savoureux clichés

Alors c’est vrai, l’adaptation respecte grosso-modo l’histoire originale. Elle y intègre même des éléments tout à fait inédit  abordé dans d’autres livres de Peeters. Outre un focus sur le fils de Cati et la naissance de leur fille, on découvre le monde de la bande dessinée, milieu professionnel de JB.

Mais bon [soupir n°2], la vision pourra faire grincer les quelques dents qui restent aux auteurs de BD avec un côté très « c’est pas un métier mais une passion » (d’ailleurs cette phrase fait partie d’un dialogue dans le film, priononcée par Laura elle-même).

J’aime également la séance de dédicaces faites dans une librairie chic ressemblant plus à un vernissage d’expo où l’auteur signe ses livres sans même jeter quelques traits, sans dialoguer avec ses lecteurs. Les bédéphiles suisses seraient-ils différents des français ? Peut-être. Ajoutons la subtile histoire de non-amour avec l’éditrice qu’on n’avait jamais vu venir… Bref… Subtilité est le maître mot de cette chronique.

Pour conclure, encore une fois, je suis le premier à déplorer ce qui est pour moi un vrai échec. Le format télévision/cinéma est passé à côté de l’essence même d’une œuvre majeure de la bande dessinée des années 2000. Ce n’est pas la première et certainement pas la dernière fois. A croire que les deux médias, quoique vaguement cousins, sont incapables de se comprendre. A l’annonce de l’adaptation du Combat Ordinaire, j’ai très peur. Pour en revenir à notre sujet, j’espère seulement que cette adaptation donnera à certains l’idée d’ouvrir Pilules Bleues, de le lire et d’en apprécier toutes les qualités du grand livre qu’il est. A défaut d’être un grand film.

PS : le premier qui adapte Lupus, je lui mets mon poing dans la figure !! 😉

Pilules bleues
d’après la bande dessinée de Frederik Peeters
Réalisateur : Jean-Philippe Amar
Scénario : Jean-Philippe Amar, Charlotte Sanson
Avec : Guillaume Gouix (Jean-Baptiste), Florence Loiret-Caille (Laura), Benjamin Bellecour (Guy), Timothé Vom Dorp (Oscar à 6 ans), Emmanuel Salinger (le docteur Fremont)
Durée : 105′

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